Les bienfaits à tenir un journal sur papier

Emilie Turcat
6 min readMay 24, 2021

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Comment tenir un journal m’aide chaque jour à ne pas péter les plombs.

Photo by Jan Kahánek on Unsplash

Tenir un journal est un des outils les plus efficace dans le domaine du développement personnel. Cela permet d’augmenter la concentration, de vaincre l’anxiété voire d’améliorer sa santé mentale. Malgré cela, certaines personnes ressentent cette pratique comme une contrainte supplémentaire dans une journée déjà bien remplie.

Pour ma part, si je ne prenais pas le temps d’écrire chaque jour dans mon journal, ma tête exploserait sous la pression des idées et des réflexions. Et mon rapport avec le monde qui existe à l’extérieur de ma bulle personnelle serait altéré par les émotions et les sentiments non digérés par mon estomac.

Bref, je serais incapable de fonctionner correctement sans cette soupape pour laisser échapper mon trop-plein de vie intérieure.

Écrire ce qui se passe à l’intérieur

Lorsque je parle d’écrire dans un journal, je ne parle pas de faire le compte rendu de sa journée dans les moindres détails. Ceci n’a aucun intérêt, et est totalement superficiel. Ce serait comme prendre en photo ses repas, la réunion au boulot, ou son café.

Laisser libre cours à ce qui se passe à l’intérieur de soi, sans s’imposer de format, voilà ce qui donne du sens à la rédaction d’un journal. Sans entraves, sans retenue, sans jugement surtout, avec la certitude que jamais personne ne lira ces pages, je peux me permettre de me lâcher, et d’écrire mes pensées authentiques.

Se relier à ses émotions

Dans mon carnet, j’écris ce que je ne dis pas.

Avant d’exprimer une parole formulant une idée, qui elle-même découle d’un sentiment, nous nous adaptons à tout un tas de variables : le contexte, l’interlocuteur, mais aussi notre état émotionnel du moment. Nous réfléchissons à ce que nous voulons dire, et ceci est totalement nécessaire. Imaginez un monde dans lequel il n’y aurait aucun filtre entre nos pensées et nos paroles. Ce serait l’anarchie !

En revanche, laisser couler l’écriture librement sur le papier est un acte qui soulage l’esprit. J’ai parfois dans ma tête des idées ou des réflexions qui tournent en rond. J’aime imaginer qu’une fois couchées sur une feuille, je libère de l’espace dans mon cerveau pour d’autres pensées.

Photo by Julia Joppien on Unsplash

Structurer sa pensée

En vérité, je n’aime pas les rituels, ni même les traditions. Cela représente pour moi des contraintes arbitraires qui ne m’apportent rien. Je n’aime pas les routines non plus, qui sont synonyme d’ennui.

En revanche, j’aime la discipline. La discipline vient de soi-même, car on se la choisit et on se l’adapte à sa propre vie. C’est un outil qui sert à atteindre les objectifs qu’on s’est fixés.

C’est pour cela que j’ai du mal avec les journaux tout faits, vendus dans le commerce sous le nom de “carnet de gratitude”, ou “journal du bien-être”. Ce sont des formats qui répondent à une exigence marketing, destinés à des personnes auxquelles on fait croire que remplir des pages aux thèmes imposés réglera leurs problèmes. C’est comme un devoir scolaire à rendre.

L’écriture est une action personnelle qui n’apporte de bienfait que si elle authentique. Se forcer à écrire 3 choses pour lesquelles on ressent de la gratitude à chaque fin de journée, par exemple, n’aura aucune valeur si c’est une contrainte. Non, je ne ressens pas de gratitude envers la vendeuse qui m’a souri au supermarché en me souhaitant une bonne journée, ou envers mon fils qui a mis ses chaussettes dans le panier à linge sale. Non, je ne me forcerai pas à lister les 5 actions que je vais faire aujourd’hui pour améliorer mon quotidien si je n’en n’ai pas envie.

Je n’ai pas besoins qu’on me dise quoi penser.

En revanche, je peux écrire abondamment sur un événement pendant lequel je ne me suis pas sentie à la hauteur, ou qui a suscité en moi une émotion agaçante.

À la longue, en étant tout à fait honnête, je vois souvent une tendance se dessiner, et cela m’aide à éclaircir mes objectifs ou à prendre une décision.

Se connecter avec le réel

Décrire une émotion ou un sentiment exige un travail d’introspection et nécessite de la concentration. Certaines personnes pratiquent la médiation, ou la respiration consciente afin de s’accorder une pause dans une journée qui passe à 100 à l’heure. Saisir un instant pour écrire favorise chez moi ce même sentiment d’arrêt et de tranquillité intérieure.

Les écrans sont de plus en plus présents dans notre vie. La plupart des gens consultent leur téléphone le matin, avant même de prendre leur café. J’avoue que je le fais aussi. Mais je le pose bien vite pour prendre mon carnet et mon stylo.

Faire une pause d’écran est suffisamment important pour qu’on le mentionne. On oublie souvent qu’à une époque pas si lointaine, on buvait son café du matin en lisant un journal imprimé, plutôt que sur une application.

J’aime ce côté un peu désuet du papier et du stylo. Je choisis mes carnets en fonction de la qualité du papier, du type de reliure et du format. J’écris toujours en bleu.

Écrire sur du vrai papier m’encourage à soigner ma calligraphie et à faire attention à l’orthographe et à la grammaire. Je suis bien consciente que je commets des fautes. Ceci n’est pas important, car personne ne relira jamais les lignes que j’écris, mais c’est un défi personnel que je me lance.

Jusqu’à présent, j’ai écrit dans une vingtaine de carnets. Certains se tiennent toujours sur mon étagère, en sachant très bien que jamais je ne les relirai. C’est pourquoi je n’inscris jamais de date. Je lâche prise sur tous ces formats imposés de linéarité et je fais ce que je veux.

Une dizaine de carnets rangés sur mon étagère.

Lâcher prise

En 2017, j’ai brûlé tous les ces carnets que j’avais remplis depuis 2009. En effet, j’étais à la veille de partir pour un voyage de longue durée. J’avais vendu ma maison et la plupart de mes affaires, mais j’avais laissé quelques cartons d’effets personnels chez des amis. Je me suis longuement demandé si ces carnets valaient le coup d’être conservés plus d’un an dans un carton.

C’était l’été, et la fin d’une époque de ma vie. J’entamais une nouvelle aventure. J’ai alors pris conscience que je devais déposer mes états d’âmes et mes croyances passées si je voulais être disponible mentalement pour ce que j’avais à vivre ensuite.

J’ai alors déchiré les pages de mes carnets pour les jeter par poignée dans le brasier. Ce fut la seule fois de ma vie où j’ai apprécié un rituel, car il était guidé par mon intention de déposer mes doutes et mes peurs.

Suite à tout ceci, voici mes recommandations pour instaurer une pratique d’écriture qui apporte du sens :

  • Choisir un carnet le plus simple possible. J’ai remarqué que parfois, on ressent comme une gêne à écrire dans un carnet qui trop de valeur, comme si on avait peur de le gâcher.
  • Couper les distractions afin d’être capable de se concentrer.
  • Pour débuter, se poser une question : Qu’est ce que j’aimerais faire mais que je retiens ? Qu’est ce que je souhaite pour moi ? Qu’est ce que je pense vraiment de cette personne ou de cet événement ?
  • Se laisser aller, comme le préconise Julia Cameron dans son célèbre ouvrage Libérez votre créativité.

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Emilie Turcat

Voyager, apprendre et relever des défis. Voilà 3 de mes choses préférées.